Des universitaires demandent un débat public urgent sur une éventuelle application mobile corona

Dans une lettre ouverte envoyée au gouvernement, une centaine d'universitaires belges demandent la tenue urgente d'un débat public sur une éventuelle application de "tracking" du corona. Dans des pays comme la Chine, Israël, la Corée du Sud ou Singapour, de telles applications sont utilisées pour géolocaliser les personnes infectées.

Elles sont relativement simples à mettre en oeuvre. Il suffit en effet de télécharger une application sur un téléphone mobile, celui-ci étant ensuite relié aux appareils sur lesquels l'application a également été téléchargée. En cas de contamination au covid-19, un signal peut être envoyé aux autres utilisateurs qui sont ainsi alertés.

Si cette technologie peut être utile en période de déconfinement, elle soulève aussi des questions, selon les universitaires qui pointent notamment l'absence de preuve de son efficacité. "On peut par exemple recevoir un message signalant qu'on a été en contact avec une personne infectée alors qu'en réalité, un mur nous séparait. L'application ne peut pas s'en rendre compte."

Ces applications doivent par ailleurs être utilisées par un nombre suffisant de personnes pour fonctionner. "Tout le monde ne dispose pas d'un smartphone. Et si l'utilisation de l'application repose sur une base volontaire, on peut craindre que trop peu de personnes la téléchargent. Quant à la rendre obligatoire, ça pose de vrais problèmes éthiques et juridiques."

"Plusieurs applications sont contraires aux droits fondamentaux", soulignent encore les universitaires en évoquant également les questions sociales et politiques que ces technologies soulèvent. "Les données générées par nos téléphones seront-elles gérées par les autorités? Si oui, combien de temps seront-elles stockées? Et ne risque-t-on pas que ces applications soient ensuite utilisées pour régler d'autres problèmes sociaux? ", s'interrogent-ils ainsi.

Des questions que se pose aussi la Ligue des usagers des services de santé. "Dans la phase de déconfinement, il semble que des mesures de traçage des citoyens sont préconisées comme une piste pour contenir la contamination. Si l'intérêt et l'efficacité d'un tel outil sont démontrés, il ne devra bien évidemment être utilisé que sur une base volontaire, dans un cadre strictement défini et avec toutes les précautions indispensables au respect de la protection des données (RGPD) et de la vie privée des citoyens", a commenté Fabrizzio Cantelli, le directeur de la ligue, en appuyant le plaidoyer des universitaires en faveur d'un débat public.

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