Baromètre hospitalier MC: des suppléments d'honoraires en hausse dénoncés par la mutuelle

Les suppléments d'honoraires ont augmenté dans les hôpitaux en 2018, révèle lundi la Mutualité chrétienne (MC) dans son baromètre 2019. La mutuelle a passé au crible les factures hospitalières de ses membres pour la 15e année consécutive. Jean Hermesse plaide pour une vue transparente sur la manière dont les établissements hospitaliers et les médecins se répartissent les rentrées financières générées par les suppléments d'honoraires.

Pour une admission classique (avec nuitée), les suppléments d'honoraires ont à nouveau progressé de 4,7%, en plus de l'indexation, explique la Mutualité chrétienne dans un communiqué.

"En chambre individuelle, un patient paie de sa poche en moyenne 1.619 euros par admission. En chambre double ou commune, le montant moyen à sa charge est de 278 euros. Dans ce dernier type de chambre, les médecins ne peuvent pas facturer de suppléments d'honoraires. Les suppléments de chambre y sont aussi interdits", explique la Mutualité chrétienne. Résultat, une hospitalisation en chambre double ou commune coûte en moyenne six fois moins cher qu'en chambre individuelle.

La Mutualité chrétienne pointe tout de même les mauvaises surprises possibles avec la chambre à deux lits. Elle peut, pour certaines interventions comme la réduction mammaire, s'avérer être presque aussi coûteuse qu'en chambre individuelle.

"Certains hôpitaux facturent régulièrement, pour cette intervention, des honoraires non remboursables qui sont parfois illégaux", précise la MC.

La mutualité illustre cette différence avec un coût de 2.763 euros dans un hôpital A et seulement 103 euros dans un hôpital B alors qu'il s'agit de la même intervention, le même type de chambre, mais 27 fois moins cher. La seule différence est la facture d'honoraires non remboursables.

La MC explique que les hôpitaux facturent essentiellement ces honoraires comme de la chirurgie esthétique, et ne tombent donc pas sous la couverture de l'assurance hospitalisation.

D'autres hôpitaux optent pour la stratégie inverse, selon la MC, et facturent les honoraires non remboursables pour les patients en chambres particulières. Ce qui a comme conséquence d'avoir des coûts jusqu'à 30 fois supérieur par rapport à une chambre commune ou à deux lits.

"Bien entendu, des situations individuelles peuvent requérir une approche différente, mais de telles variations de prix pour une même intervention ne sont pas justifiables, explique Jean Hermesse, vice-président de la MC. La seule conclusion réaliste est que les hôpitaux et/ou les médecins arrivent à trouver des méthodes créatives pour générer des revenus supplémentaires. Facturer aux patients des honoraires non remboursables par l'assurance obligatoire est l'une de ces méthodes. On constate aussi que des suppléments de confort, par exemple pour une télévision ou un frigo dans la chambre, continuent, eux aussi, à augmenter. De même que les suppléments d’honoraires et les suppléments de chambre"

Insécurité, même en cas de couverture par une assurance hospitalisation

Tous les frais que l'on vient de décrire sont à la charge du patient. Même une assurance hospitalisation n'offre pas automatiquement une garantie. Par exemple, toutes les assurances ne prennent pas en charge les honoraires non remboursables. "Nous entrons de plain-pied dans des soins de santé à deux vitesses. Dans les faits, la chambre individuelle est réservée à ceux qui en ont les moyens. Pourtant, elle ne devrait pas être considérée comme un luxe. Majoritairement, les patients expriment le souhait de séjourner seul à l'hôpital. Les établissements hospitaliers mettent de plus en plus en avant ce type de chambre. Et les études internationales montrent que le séjour en chambre particulière présente plus d'avantages que d'inconvénients. La chambre individuelle doit donc devenir la norme pour les admissions d’au moins une nuitée", insiste Jean Hermesse.

Interdire totalement les suppléments d'honoraires

Permettre à tous de séjourner en chambre particulière, cela n'est possible qu'à condition que les suppléments d’honoraires soient interdits. "Dans cette hypothèse, souscrire une assurance hospitalisation n'est plus nécessaire, observe Jean Hermesse. Nous plaidons dès lors pour qu'une partie importante des primes que versent les employeurs et les assurés dans le cadre des assurances hospitalisation facultatives soit réinjectée dans l’assurance soins de santé obligatoire, martèle-t-il. Cela permettra de mieux financer les hôpitaux, et les médecins pourront recevoir une rémunération correcte. La condition préalable à tout cela est d'avoir une vue transparente sur la manière dont les établissements hospitaliers et les médecins se répartissent les rentrées financières générées par les suppléments d'honoraires. Cette transparence n’existe toujours pas. Il faut aussi réglementer les autres frais portés en compte aux patients, tels que les honoraires non remboursables, pour que cela soit clair et transparent", conclut-il. 

> 15 ème Baromètre Hospitalier: le rapport complet

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