Le chirurgien italien Paolo Macchiarini, responsable d'un fiasco de greffes de trachées qui lui ont valu la disgrâce et provoqué un scandale international, a été inculpé mardi en Suède pour "maltraitance aggravée", a annoncé le parquet.

Le chirurgien a opéré huit personnes entre 2011 et 2014, dont trois à l'hôpital Karolinska à Stockholm. Le médecin italien était également chercheur à l'institut du même nom d'où est issu l'assemblée qui remet le prix Nobel de médecine.

Au départ, ces opérations pionnières lui avaient valu les gros titres et la reconnaissance. Mais sept des patients, à qui le chirurgien et son équipe ont greffé des trachées synthétiques recouvertes de cellules souches des patients, sont morts.

Le scandale a éclaboussé le prestigieux institut Karolinska, provoquant une série de démissions, et la publication scientifique The Lancet a retiré en 2018 deux articles du chirurgien publiés en 2011 et 2012.

Macchiarini a été jugé coupable de fraude scientifique par un comité extérieur et licencié de l'institut en 2016.

Le parquet suédois menait en parallèle une enquête judiciaire sur les trois opérations réalisées en Suède, fermée en 2017 mais rouverte en 2018 après l'émergence de nouveaux éléments, conduisant à des auditions en Suède, en Belgique, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Espagne, a-t-il rappelé.

"Les opérations, qui ont entraîné auprès des trois victimes de graves blessures physiques et de grandes souffrances, n'avaient aucune base légale", a affirmé le procureur Mikael Björk dans un communiqué, précisant que le chirurgien niait les accusations.

En droit suédois, l'inculpation inclut le renvoi devant un tribunal, mais la date du procès est fixée ultérieurement.

La trachée est l'un des organes les plus difficiles à transplanter. Une équipe française menée par le Pr Emmanuel Martinod a finalement réussi en 2018 là où Macchiarini avait échoué.