La plateforme Abortion Right a dénoncé, vendredi, le blocage persistant de la réforme de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), illustré mercredi par un incident en commission Justice. Les députés de la majorité sont arrivés avec plus d'une heure de retard, empêchant l'ouverture des travaux.
"Ce retard en dit long sur le profond malaise qui traverse la majorité, incapable de s'accorder sur la mise en œuvre des recommandations scientifiques relatives à l'IVG", souligne Abortion Right. La plateforme dénonce un blocage qui dure depuis près de dix ans, notamment en raison de l'opposition du CD&V et de la N-VA.
La proposition de loi déposée par Ecolo-Groen, qui visait à appliquer les recommandations d'un rapport d'experts, a été rejetée par la majorité. Il s'agit du deuxième texte recalé en un an.
La majorité Arizona a néanmoins promis la présentation d'un projet de loi "améliorant l'accès à l'IVG" avant la fin de l'année parlementaire. Abortion Right demande à la ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V), d'être associée aux discussions.
Le rapport scientifique prévoit notamment d'allonger le délai légal à un minimum de 18 semaines, de supprimer le délai d'attente obligatoire et de reconnaître l'IVG comme un soin de santé.
La plateforme pointe un fossé "abyssal" entre la société et ses représentants politiques. Selon une enquête d'Amnesty International, 92,5 % de la population belge soutient le droit à l'avortement, tandis que 28,8 % des personnes concernées y ont recours en dehors du cadre légal. Plus de 400 femmes se rendent chaque année aux Pays-Bas pour avorter, où le délai est fixé à 24 semaines.
"La Belgique ne peut plus se prétendre progressiste en matière de droits sexuels et reproductifs tout en maintenant un cadre légal restrictif, contraire au respect des droits fondamentaux", insiste Abortion Right.
Cela fait 35 ans que la loi de 1990 n'a pas été adaptée. "L'accès à l'IVG n'est pas une affaire de compromis politique: c'est un enjeu de santé publique, d'égalité et de respect des droits fondamentaux", conclut la plateforme.








