A mi-parcours, la commission spéciale covid du parlement wallon progresse lentement

Lancée à la toute fin du mois d'août et censée se terminer le 30 novembre prochain, la commission spéciale du Parlement de Wallonie chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire par la Région arrive à mi-parcours et semble enfin être entrée dans le vif du sujet avec, ces dernières semaines, les auditions de différents acteurs de terrain, salue, vendredi, l'opposition régionale.

Les premières réunions étaient en effet consacrées aux membres du gouvernement qui se sont surtout attelés à rappeler la chronologie des faits et les différentes actions entreprises dans leur domaine respectif.

Mi-septembre, les autorités de la santé remplacent les politiques devant la commission. A cette occasion, Erika Vlieghe, la présidente du GEES - le groupe qui a piloté le déconfinement en Belgique - suscite des remous en évoquant la proposition d'une coordination fédérale pour les maisons de repos rejetée par les Régions, compétentes pour le secteur. Dans la foulée, la ministre de la Santé, Christie Morreale, dément. L'opposition, PTB en tête, demande une confrontation entre les deux femmes, ce qu'elle n'obtient pas... pour le moment.

Les semaines suivantes, c'est enfin aux acteurs de terrain d'être invités par la commission spéciale, dont des médecins de première ligne, une représentante de Médecins sans Frontières ou encore des responsables de fédérations des maisons de repos.

"On a besoin du ressenti de ces gens de terrain. Il est vraiment regrettable qu'on ait commencé nos auditions par le haut, ce qui nous obligera, par la suite, à refaire le chemin à l'envers pour reposer des questions aux ministres concernés", commente François Desquesnes, le chef de groupe du cdH au parlement wallon.

"Aujourd'hui, ce qui ressort clairement des auditions que nous avons eues jusqu'à présent, c'est que l'imbroglio des compétences a mené à une vision hospitalo-centrée au détriment des maisons de repos", analyse-t-il en pointant également le manque de préparation de l'Aviq, l'Agence wallonne pour une vie de qualité. Cette dernière "n'avait pas de plan de gestion de crise", déplore le chef de file des humanistes. "Il ne s'agit pas de doublonner avec ce qui se fait au fédéral mais nous devons être capables de faire face à une crise dans ce qui relève de nos compétences", ajoute-t-il.

Dans les rangs de l'opposition toujours, le PTB, lui, n'en démord pas: plutôt qu'une commission spéciale, il fallait mettre sur pied une commission d'enquête sur les maisons de repos. "Aujourd'hui, le dépistage systématique n'y est toujours pas d'actualité, le suivi de contacts ne suit pas et le testing est saturé. Dire qu''on a fait ce qu'on a pu' ne tient plus la route", accuse le chef de groupe de l'extrême gauche au parlement régional, Germain Mugemangango.

"Les mesures collectives minimales pour faire face à la crise n'ont pas été prises. Or, la commission spéciale, qui aurait dû avoir pour objectif de comprendre ce qu'il s'est passé, particulièrement dans les maisons de repos, sert surtout à dédouaner le politique et à noyer le poisson", poursuit-il.

"Nous avons besoin des témoignages des gens de terrain pour arrêter de voler au-dessus de la réalité. En première ligne, les gens ne savent plus qui appeler. Le système belge ne fonctionne pas. Il faut un commandement central et que les politiques assument, ce qui pourrait constituer l'une des recommandations principales de la commission spéciale", conclut Germain Mugemangango.

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