Télémédecine : 350 expérimentations en cours en France

Tandis que Maggie De Block exhorte au dépôt de projets pilotes en m-santé, l’Ordre français des médecins brosse le portrait de la « médecine à l’ère numérique ». Quelque 350 expériences de télémédecine se déroulent à ce jour chez nos voisins. Les patients chroniques sont, sans surprise, un groupe tout désigné pour le télémonitoring par objet(s) connecté(s). On évoque 2,6 milliards d’économies potentielles par an à l'horizon 2020 auprès des diabétiques, hypertendus, insuffisants cardiaques et rénaux.

De longue date, l’Ordre français a enjoint ses troupes à ne pas diaboliser le web, à guider les patients curieux vers des sites validés plutôt que de s’évertuer à les empêcher de faire entrer « Dr Google » dans le colloque singulier. Ou à exploiter dans leur pratique les possibilités des technologies informatiques/télématiques, non sans rester attentif aux menaces sur la confidentialité des données. Aujourd’hui, l’Ordre sort un webzine intitulé « médecine et médecins à l’ère du numérique » qui rassemble les interviews d’un certain nombre d’experts d’horizons et de points de vue différents.

Le webzine s’ouvre sur quelques statistiques. Il y a actuellement 350 expérimentations en télémédecine menées dans toute la France. Et neuf régions pilotes lancées dans l’expérimentation tarifaire des actes de télémédecine, avec une rémunération à l’activité des professionnels ou des établissements. Elles sont très majoritairement situées dans la moitié nord de l’Hexagone

Sous le vocable de télémédecine, l’Ordre reprend quatre grandes catégories d’activités : la télé-expertise (un médecin sollicite à distance l’avis d’un ou plusieurs confrères sur la base d’informations médicales liées à la prise en charge d’un patient), la téléassistance médicale (un médecin assiste à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte), la téléconsultation (un médecin donne une consultation à distance à un patient, lequel est éventuellement assisté d’un professionnel de santé) et la télésurveillance médicale (un médecin surveille et interprète à distance les paramètres médicaux - enregistrés et transmis - d’un patient). L’Ordre y greffe une cinquième catégorie : la régulation par les centres 15, dont les médecins établissent un premier diagnostic à distance pour déclencher l’intervention appropriée. Citant le « recensement Télémédecine 2013 » du ministère de la Santé (qui du reste dénombrait déjà à l’époque 48% de projets de télémédecine de plus qu’en 2011), l’Ordre mentionne que les deux formules les plus usitées sont la télé-expertise (65%) et la téléconsultation (49%).

Auto-mesure de paramètres

L’enjeu financier de ce déploiement de l’e-santé est considérable. Se référant à une étude prospective menée en 2015 par la Fédération des Psad, les prestataires de santé à domicile, l’Ordre avance le chiffre de 2,6 milliards d'euros d’économies par an à l'horizon 2020, que dégagerait l’application de la télémédecine aux patients souffrant des quatre principales maladies chroniques : diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale et hypertension.

Cisco & Ericsson prévoient qu’il y aura dans le monde, dès 2020, 50 milliards d’objets connectés (pour rappel, des objets munis de capteurs et reliés à internet grâce auxquels les patients « auto-mesurent », le cas échéant pour les transmettre à un médecin, leurs poids, tension artérielle, activité physique, temps et qualité de sommeil, glycémie, performance sportive…). Un malade chronique sur 10, d’après le « Lab e-santé », un think tank multidisciplinaire de la santé digitale, possède déjà un objet connecté. Et selon le baromètre de la santé d’Odoxa/Orange, les 2/3 des médecins ont déjà prescrit l’usage d’objets connectés médicaux. Le trio d’appareillages qu’ils jugent les plus utiles ? Bracelets et trackers d’activité (à 60%), objets connectés médicaux liés aux maladies respiratoires (59%) et objets connectés médicaux liés aux maladies cardiovasculaires (54%). Plus loin derrière, à respectivement 22, 18 et 16% de citations, arrivent les outils de suivi du sommeil, du diabète et les tensiomètres. 

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