France: vague d’agressions – dont une mortelle – contre des MG

Devant la série noire de violences frappant la médecine générale française, l’Ordre des médecins demande aux politiques de passer des paroles aux actes. La Confédération des syndicaux médicaux français exhorte le gouvernement «à prendre des mesures exceptionnelles et immédiates». Que propose-t-elle?

Le 1er février, un MG de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), âgé de 64 ans, était retrouvé mort par son confrère et associé. Il avait été lardé de 48 coups de couteau au cou et au visage, à son cabinet, en pleine journée, par un ancien patient, appréhendé peu après et mis en examen. Les motivations de cet homicide demeurent à éclaircir. Le même jour, on apprenait qu’à Limoux (Aude), un généraliste du centre-ville s’était fait insulter puis rouer de coups par un patient passablement énervé… de devoir attendre son tour en salle d’attente. La police a rapidement mis la main sur l’auteur de l’agression. La presse française relatait également la découverte, dans les eaux de la station d’épuration municipale de Wattrelos (Nord), du corps sans vie d’un MG local de 59 ans. La piste du suicide serait toutefois privilégiée dans cette dernière affaire.

Après ces drames, l’Ordre des médecins a rappelé s’inquiéter «depuis plusieurs années de l’escalade de la violence à l’encontre des personnels soignants dans l’exercice de leur mission», escalade dont il a encore alerté les pouvoirs publics pas plus tard que fin 2016. Mi-décembre, au terme d’une entrevue avec le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, ce dernier avait «souscrit plusieurs engagements relatifs à la protection des professionnels de santé», relate l’Ordre.

Il s’agissait notamment de mettre en place une mission d’inspection ad hoc destinée à évaluer l’efficience des mesures déjà en vigueur et à formuler des propositions nouvelles avec calendrier de mise en œuvre, le tout assorti d’un plan de communication rappelant aux Français le respect dû aux professionnels de santé dans l’intérêt même de la population. L’Ordre réclame la mise en œuvre rapide de ces engagements et exhorte Marisol Touraine, la ministre de la Santé, à elle aussi «se saisir réellement de cet enjeu majeur».

Financement public de l’activité privée risquée

La Confédération des syndicaux médicaux français (CSMF) allonge la triste liste des agressions ci-dessus par quelques autres exemples datant de fin 2016: Béthune (Pas-de-Calais), Châtellerault (Vienne), Saint-Cyprien (Pyrénées Orientales)… «Quelle a été la réaction du gouvernement face à l’augmentation inquiétante des agressions l’an passé? Une simple rencontre entre le président de l’Ordre et le ministre de l’Intérieur, qui a promis des solutions… que nous attendons encore.» Elle ne veut pas d’un encommissionnement du dossier et exige «des mesures exceptionnelles et immédiates».

D’après elle, la sécurisation des dispensateurs passe par la mise en place d’un numéro d’appel d’urgence aux forces de l’ordre dans tous les départements, réservé aux médecins, avec reconnaissance du numéro du médecin pour intervention prioritaire. Elle cite aussi le financement par les pouvoirs publics de caméras de surveillance aux abords et dans les salles d’attente et d’un boîtier de téléalarme dans les cabinets.

Pour les visites, elle prône l’accompagnement ponctuel par un policier, en cas d'appel suspect ou de patients reconnus «difficiles », et, pendant les gardes de nuit, la mobilisation d’un chauffeur – subsidiée par les collectivités territoriales – pour accompagner le médecin dans ses déplacements.

On retrouve également parmi les attentes du syndicat le soutien au regroupement des médecins dans des lieux d’exercice partagés et la création à leur attention d’un véritable statut de «professionnel protégé ».

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