Violence vis-à-vis des médecins: «relever le degré de méfiance»

Assurer complètement la sécurité des médecins face aux violences de leur patientèle, habituelle ou non, est un casse-tête. Aucune méthode n’annihile totalement le risque. Un bouquet de mesures pourrait le limiter, commente Jacques De Toeuf, vice-président de l’ABSyM. «Dont de vraies sanctions pour les auteurs, et non un classement vertical.» En attendant du concret, s’il vient, l’attitude la plus appropriée pour le corps médical est de «relever son degré de méfiance».

«Cela fait longtemps qu’on réclame des mesures. L’assistance policière en visite, toutes les zones de police ne veulent pas l’organiser. Certains services parlent d’un bouton d’appel… encore faut-il avoir le temps de l’atteindre en cas de difficulté. Les moyens de prévention au cabinet comme les caméras, l’ouverture de la porte sur commande qui permet de ne pas laisser entrer des inconnus… ont du bon, mais un coût aussi. Comme cela a été relayé dans de nombreux médias, l’Ordre a suggéré l’établissement d’une liste des patients violents, à ne pas recevoir seul. D’accord sur le principe mais on risque de n’avoir que 15 concitoyens dessus pour le pays…» 

Pour Jacques De Toeuf, la première chose à faire serait de conclure, partout sur le territoire, des accords entre les forces de l’ordre et les prestataires de soins - «pas que les médecins, d’ailleurs: demain, les kinés, ou les dentistes, pourraient être concernés» - et réfléchir à un système d’alarme - «certains parlent d’une sorte d’émetteur à brancher grâce auquel les policiers entendraient ce qui arrive au médecin, mais encore faudrait-il affecter quelqu’un collé à la machine, au commissariat, pour écouter tout ça. Les pharmaciens, eux, ont résolu le problème de la dangerosité des gardes avec des guichets blindés, et ça va mieux. Impensable, évidemment, d’appliquer cette solution en médecine. Il n’empêche, il faut assurément que tous les médecins relèvent leur degré de vigilance et de méfiance. L’Ordre a raison de le dire. Si le patient qui sonne n’a pas de rendez-vous, qu’il insiste, que ce n’est pas un patient connu, on lui dit de consulter ailleurs. S’il est debout sur ses deux pieds, ce n’est pas une urgence vitale.»

On sent, à pareille réflexion, que le corps médical en a assez de mettre en péril sa propre sécurité. Soigner autrui, d’accord, mais pas au mépris de sa propre intégrité physique. C’est une réaction déjà exprimée sans fausse pudeur ni débordement de zèle altruiste lors des attaques violentes, si pas mortelles, qui ont émaillé l’actualité ces dernières années. «Et ces accès de violence, verbale souvent, ils arrivent parfois simplement parce que l’on refuse de fournir un certificat permettant à la famille de se couvrir vis-à-vis de l’école et partir en vacances quelques jours avant les congés…»

Outre les accords par zone de police, le vice-président de l’ABSyM estime qu’il faut «une réelle sanction pénale pour les coupables. Seulement, les parquets, surchargés, classent les affaires verticalement parce qu’ils ont autre chose à faire. Peut-être devrait-on donner aux communes le pouvoir d’infliger des amendes administratives aux auteurs, sur constat de police. Toucher les gens au portefeuille, cela fonctionnerait peut-être.» Quant aux médecins, le syndicaliste leur glisse, outre de rester plus que jamais sur leurs gardes, que la pratique en association, en cabinet de groupe, rend moins vulnérable.  

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