Une pétition de l’ABSyM contre l’obligation de tiers-payant

Nous avons plus d’une fois évoqué la ferme opposition de l’ABSyM à l’obligation de tiers-payant social. Le syndicat passe à la vitesse supérieure. Il propose aux MG belges une pétition. Celle-ci a pour destinataire Maggie De Block, qui se voit priée instamment de suspendre la nouvelle règlementation. Les signataires ne rejettent pas le principe même du tiers-payant, mais bien l’aspect coercitif. A l’heure d’écrire ces lignes, le document de protestation avait rassemblé 1670 signatures. 

 

«En tant que médecin généraliste actif sur le terrain, j'ai un certain nombre d'objections fondamentales à l’encontre de cette nouvelle réglementation [d’obligation d’appliquer le tiers-payant aux BIM à dater du 1er juillet]…» Tel est le libellé de la pétition. Et ces objections fondamentales, l’ABSyM les expose urbi et orbi par communiqué, espérant son message aussi porté vers la population qui pourrait s’étonner de la réticence de ses médecins à mettre en œuvre une mesure «favorisant» le patient (précarisé).

L’ABSyM s’irrite en effet de voir employer dans ce débat l’argument social: «Les médecins refusent d’améliorer l’accès des plus pauvres (quand même un cinquième de la population) aux soins de santé? Ce ne sont que des égoïstes, avides de profit!» Pour Roland Lemye, cet argument est fort, et «surtout insultant et faux». Et de rappeler que les médecins, quotidiennement confrontés à la souffrance et à la misère, ont toujours eu le sens social et facilité l’accès aux soins (en dispensant des soins gratuits, en pratiquant le tiers-payant quand nécessaire, en abandonnant le ticket modérateur…). «Les SDF, les sans-papier, les illégaux en ont toujours profité alors que les mutuelles, donneuses de leçons, s’en foutent éperdument parce que ce ne sont pas des affiliés, alors que les autorités ne pensent qu’à renvoyer aux frontières tous ces gens qui leur coûtent, alors que les gestionnaires d’hôpitaux ne pensent qu’à renforcer les barrages administratifs pour avoir accès aux médecins», écrit le syndicaliste.

Le Dr Lemye poursuit l’offensive: «Les mutuelles s’acharnent à convaincre le monde politique et celui-ci, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre, leur emboîte volontiers le pas. Est-ce vraiment par souci des plus démunis?» Pour lui, les OA risquent de se brûler les ailes à ce jeu. Un tiers-payant généralisé pourrait bien les mettre hors-jeu, observe-t-il. La façon la plus économique de procéder n’est-elle pas, en effet, de facturer celui-ci directement à l’Inami, sans passer par la case mutualités?

 

Enrayer le détricotage de l’exercice libéral

L’ABSyM attire l’attention des médecins sur le fait que si l’obligation ne s’applique pour le moment qu’aux BIM, la plus grande partie du monde politique et des mutuelles a selon lui l’intention de la généraliser, par étapes. Ce qui aux yeux du syndicat sonnerait le glas de la médecine libérale «au service du patient». Roland Lemye cite l’interview d’une professeur d’économie parisienne dans la presse médicale française, qui qualifie la généralisation du tiers-payant de mort annoncée de la médecine libérale, les médecins devenant dépendants pour leur gagne-pain de l’assurance maladie elle-même, donc malléables aux pressions. Car il est bien délicat de servir deux maîtres à la fois, le malade et l’Etat.

En rappelant les travers qu’il prête à une médecine étatisée (mesures de rationnement, listes d’attente, exclusion des plus âgés de soins lourds…) et soulignant que le rationnement «a déjà commencé chez nous dans le secteur du médicament», le syndicat propose aux MG belges de signer une pétition (en ligne sur son site) demandant à Maggie De Block de suspendre la mesure. Au moment de rédiger ces lignes, 1670 confrères s’y étaient ralliés et ce nombre allait croissant au fil de nos consultations de la page web… 

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