Rapport KCE: l’ABSyM parle d’injure à l'abnégation de 10.000 MG

L’ABSyM ne mâche pas ses mots à propos du récent rapport du KCE sur l’articulation urgences/médecine générale. La vision qu’il porte est, d’après le syndicat, d'une simplicité primaire, met à mal l’essence des PMG et induit une mutation de la nature même de la profession de MG. Le syndicat convie les pouvoirs publics à «corriger les égarements [aux urgences] de patients trop exigeants».

Pour rappel, le KCE a publié fin mars un rapport dans lequel il prône une réduction du nombre de services d’urgence (SU) dont la Belgique est généreusement pourvue par rapport aux pays voisins. Cette réduction serait conjuguée à la création, sur les sites hospitaliers où il y aurait toujours un SU, de «services de soins aigus non planifiés». Ces services verraient coexister le SU et une «permanence de médecine générale» organisée par le cercle local, envisagée comme un PMG déménagé, si ce n’est qu’il tournerait 24h/24 et 7j/7. Les deux entités seraient accessibles par la même porte, avec tri des arrivants par les MG.

«Cette vision, d'une simplicité primaire, ne peut que conforter le sentiment d'une méconnaissance parfaite de la réalité de la profession de généraliste», déplore l’ABSyM, par la voix des Drs Herry, Lemye et De Toeuf, respectivement président de la Chambre Liège-Luxembourg, vice-président et président de l’ABSyM.

 «Le projet de faire travailler 24h/24 7jours/7 les généralistes et pour cela abandonner leur travail de première ligne dans leurs cabinets relève d'un mépris tel qu’ils devront, par fierté et décence, le combattre et le boycotter.»  Le syndicat ne nie pas qu’une évolution de la garde en médecine générale est en marche, mais «la conception (…) telle que proposée par le KCE transformerait la nature même du travail des généralistes et de leur profession.» Il dit donc «s'y opposer totalement».

Le syndicat rappelle par ailleurs le pourquoi initial de la création des postes: contribuer à la qualité de vie professionnelle et familiale des généralistes, ainsi qu’à leur sécurité. Hors de question, dit-il, que l’essence de ces structures soit mise à mal par des modèles de ce type, «issus de démarches de théoriciens du KCE».

Le KCE justifie le projet d’intégrer la garde de médecine générale et les urgences par le fait que ce sera «plus clair et plus pratique» pour le public, qui sait où se trouve l’hôpital. Il qualifie celui-ci de «pôle d’attraction» dont les urgences sont d’ailleurs déjà fréquentées d’initiative par une partie du public (le Centre d’expertise évoque 70% de patients qui s’y rendent sans y avoir été adressés par un médecin). L’ABSyM estime que «laisser croire à la population que la proximité de la technologie est gage de qualité et de sécurité ne devrait plus avoir cours actuellement, et devrait être dénoncé».

Outre le fait que le MG n’a pas vocation à répondre «aux besoins consuméristes d'une population que les pouvoirs publics se devraient d'informer» [sur le recours inapproprié aux SU et les coûts que cela engendre], le message du tout à l’hôpital qui émerge des recommandations du KCE est «une véritable injure au travail quotidien et à l'abnégation de 10.000 généralistes qui ne comptent ni leurs heures de travail, ni leur disponibilité pour 11,2 millions de patients qui leur font confiance».

L’ABSyM conclut par un appel à une éducation du public: «certains membres du KCE devraient faire preuve d'un peu d'imagination et de courage en affrontant le comportement d'une population mal informée sur ce que les généralistes offrent comme possibilité de prise en charge, et sur ce qui ne relève en rien d'un service d'urgences dispendieux, et plancher sur les réels moyens à mettre en œuvre pour corriger les égarements de patients trop exigeants».

Ces vives réserves de l’ABSyM s’ajoutent donc à celles émises au lendemain de la diffusion du rapport du KCE par le GBO.

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