Les soins de santé doivent-ils être rentables?

Un président de cercle du Brabant flamand a récemment émis quelques réserves sur les conclusions de l’audit PMG. Il s’interrogeait e.a. sur la (nécessaire?) rentabilité des soins de santé. La rédaction de Medi-Sfeer, le pendant flamand de Medi-Sphere, a reçu une réaction des urgentistes du BeCep à ce propos. 

Dans sa dernière newsletter, Medi-Sphere relayait la signature récente, à Tirlemont, d’une convention de collaboration entre le cercle local HAZOH et l’hôpital Heilig Hart. Le président du cercle et membre du groupe de travail du projet pilote 1733 de Tirlemont-Louvain, Johan Wuyts, avait, à l’occasion de la médiatisation de cette signature, émis quelques réserves quant aux chiffres de l’audit PMG commandité par Maggie De Block et livré l’un ou l’autre élément sur l’avancement du projet pilote.

Le Dr Wuyts, évoquant les velléités des autorités de fermer certains PMG en nuit noire pour n’en laisser qu’un seul en activité sur une zone comptant 400.000 habitants, s’était notamment interrogé: «des soins de santé doivent-ils être rentables?». Ce qui a suscité une réaction de la part des urgentistes du BeCep, le Belgian College of Emergency Physicians, auprès de la rédaction de Medi-Sfeer . En substance, le BeCep déclare qu’il n’émettra pas de commentaire officiel sur l’audit. Il souligne n’avoir été nullement impliqué dans l’opération, ne pas avoir l’intention d’interférer avec l’organisation de la garde MG – ni s’en laisser conter par des gens n’ayant qu’une connaissance insuffisante des services d’urgence – et voit dans le rapport final confirmation d’une de ses affirmations de longue date: le public des PMG n’est pas le même que celui des urgences. Pour ce qui est de l’aspect rentabilité, les urgentistes trouvent interpellant que «le président du cercle local se demande si l’organisation des soins doit être ‘rentable’, maintenant qu’une étude indépendante sur les PMG a conclu à une performance globalement faible et à une forte variabilité des coûts, et que la ministre plaide logiquement pour des économies d’échelle et davantage d’uniformité». Et d’ajouter: «c’était précisément à une époque les médecins généralistes qui appelaient à une rationalisation des services d’urgence et à la fermeture des plus petits».

Heureusement pour notre économie, les soins de santé sont un système rentable. L’économiste de la santé Lieven Annemans a pointé, dans un récent exposé, une étude menée à Oxford établissant que chaque euro investi dans la santé en produit deux pour la société. (…) Au sein de celle-ci, certains citoyens reçoivent des soins journaliers alors qu’eux-mêmes ne contribuent pas – ou peu – à la génération d’autres flux économiques, vu leur état. Le dispositif est agencé pour demeurer humain, une notion d’ailleurs évoquée par le Dr Wuyts, renvoyant à une forme saine de rentabilité.

La rentabilité s’apprécie à long terme. Un système de soins qui faiblirait à court terme pourrait difficilement être qualifié de rentable. La durabilité est une condition sine qua non. Et la durabilité d’un système qui est porté par des individus ne peut être envisagée que si les troupes restent disponibles et motivés. C’est une réalité que l’on a pu appréhender ces dernières années dans divers secteurs de notre société. Songeons par exemple à l’incidence croissante du burn out. Le côté humain, ici et là, est un peu sur la touche.

"Le renouveau de la médecine de famille, avec un flux croissant de jeunes recrues , est redevable – entre autres – à la création des postes de garde MG. Assumer la garde population est perçu comme réalisable dans l’environnement d’un PMG. C’est une avancée que l’on doit chérir. Que des restrictions budgétaires mettent trop de pression sur les MG actifs en garde, et des effets négatifs pourraient s’ensuivre." déclarait-il entre autres dans Medi-Sfeer.

Le Dr Wuyts n’est pas le seul à nourrir des doutes sur la course à la rentabilité des postes. Plus tôt cette année, cercles wallons de généralistes et Fag avaient fait part de leurs craintes de voir l’accent trop placé sur la rentabilité dans le cadre limité du financement des PMG.

Lire aussi :

Audit PMG: quand l’attente attise les craintes
Audit postes de garde: les MG objectent

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