France: vers un giga-centre de santé avec MG salariés et déplaçables?

Confrontée à une raréfaction de ses MG, la Saône-et-Loire a l’intention d’innover en créant un «centre de santé de département», implanté sur plusieurs sites. Une première en France, précisent ses initiateurs. Les médecins y seraient des salariés du conseil départemental. Ils constitueraient autant de renforts susceptibles d’être mutés si un confrère libéral projete un jour de s’installer localement – histoire de jouer les compléments et non les concurrents. 

La Saône-et-Loire affiche depuis plusieurs années une densité en MG préoccupante. Au 1er janvier 2016, elle comptait 635 généralistes, libéraux ou salariés, soit 110,4 MG par 100.000 habitants contre 125,6 dans la région (la Bourgogne Franche-Comté) et 132,1 en France. Et le nombre de cessations d’activité depuis 2014 n’a cessé d’augmenter sans être compensé par les installations. Le refrain ne surprend plus…

Devant ces constats, le département a, il y a quelques années déjà, initié un dispositif de soutien à l’installation «multifacettes» (incluant quelques recettes analogues à celles déployées chez nous également): bourses pour les étudiants en médecine, aides à l’installation, organisation de temps de découverte de la région pour les MG… En 2013, il y a ajouté la «mission SIM 71» qui épaule les étudiants ou professionnels de santé dans leur projet d’installation: appui aux démarches professionnelles et extraprofessionnelles, présentation des territoires et des aides, liens avec les acteurs locaux et les projets en cours…

Le département estime toutefois que les incitants financiers ont atteint leurs limites. Les aides ne suffisent pas et n’apparaissent pas comme un critère déterminant dans le choix d’installation des jeunes médecins, dit-il. Il passe donc à une vitesse supérieure, ne pouvant se résoudre, dit-il, à «la fatalité du déclin de l’offre en soins de proximité»: il projette la création d’un centre de santé départemental multisites, le premier de France si l’on en croit sa récente communication.

De quoi s’agirait-il? D’un centre de santé, structure sanitaire de proximité gérée par une institution de santé, une asbl ou une collectivité territoriale, mais à l’échelle de tout son territoire (donc impliquant outre un siège central, l’éclosion d’une dizaine d’antennes un peu partout sur ce dernier, dans des endroits prioritaires à définir en consultant les municipalités et les professions concernées).

Si le projet reçoit la bénédiction des élus départementaux, le recrutement des équipes médicales et administratives commencerait en novembre, l’ouverture étant espérée en janvier 2018. D’après la presse française, il est question d’engager 30 médecins généralistes, qui seront payés directement par le conseil départemental, à salaire fixe.

On y lit aussi que les MG recrutés seraient là pour agir en complément de la médecine libérale, dans des secteurs en carence clairement identifiés. Le projet prône de la souplesse pour répondre aux besoins des bassins de vie frappés par la désertification sans étouffer l’initiative locale: s’il y a une installation qui intervient localement, le département «retirera» son collaborateur, pour ne pas induire de concurrence.

Une opinion? Une réaction? Le débat continue sur @JdS_SK ou sur @MediSphereHebdo

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.