France: «une guerre injuste de l’assurance maladie contre les MG»

Le syndicat MG France dénonce la multiplication des procédures de surveillance des généralistes qui s’écartent des moyennes en termes de prescription d’interruptions de travail. Il y voit un «harcèlement» de l’assurance maladie. Lequel «rajoute à l’épuisement professionnel un sentiment profond d’injustice». Faute d’arbitrage du gouvernement, il menace d’envoyer nombre de patients, pour examen, au médecin conseil. 

Medi-Sphere vous avait parlé de cette mise sous monitoring d’un médecin généraliste de Dunkerque, que la caisse régionale d’assurance maladie trouvait trop généreux en matière d’arrêts maladie (lire par ailleurs sur ce site). Cette surveillance qui apparemment s’intensifie chez nos voisins n’est pas du goût du syndicat MG France. Il exprime des réserves tant sur la méthodologie suivie par les contrôleurs que sur le climat que ces tutelles engendrent dans la profession.

«L’arrêt de travail fait partie de l’arsenal thérapeutique du médecin. Il est un outil indispensable dans un monde professionnel de plus en plus dur», observe le syndicat. Sa justification repose sur le motif de l’arrêt et la capacité de reprise du travail de chaque assuré, poursuit-il. Ce sur quoi se penchent les prescripteurs. «Mais pas l’assurance maladie dont les méthodes de ‘contrôle’ ne s’intéressent ni aux motifs ni même au fait que ces arrêts sont parfois déjà validés par le médecin conseil pour les arrêts de longue durée (cancer, dépression sévère...). Seul le nombre total de jours d’arrêt prescrits par le médecin intéresse l’assurance maladie, dès lors qu’il déroge à des moyennes statistiques.» Il s’agit d’après lui d’une «guerre injuste» menée contre les MG. De quoi, dit-il, ne rien arranger à leur état d’esprit - voire à leur état tout court - «dans un contexte professionnel difficile, comme en témoignent les projections démographiques».

Du reste, MG France pointe «l’absurdité de procédures qui pourraient inciter les médecins concernés à renvoyer vers leurs confrères des patients atteints de pathologies lourdes pour alléger leurs statistiques» [le MG dunkerquois dont question a été prié de limiter durant quatre mois ses prescriptions d’ITT et poussé à aiguiller vers d’autres cabinets certains malades, ndlr].

Au final, le syndicat demande aux autorités de trancher. Soit on laisse aux MG le soin de gérer cet acquis social qu’est l’arrêt maladie (et donc on les délivre de la pression exercée par les caisses d’assurance maladie). Soit on décide que la prescription d’ITT est du ressort de ces dernières et on la confie à leurs médecins conseils. Faute de réaction du gouvernement, le syndicat demandera à ses membres de se protéger (et, partant, de noyer les caisses) en envoyant systématiquement tout patient, pour examen, au médecin conseil, dès qu’ils estiment que la durée de l’arrêt à lui prescrire excède la semaine.

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