France: manifestation nationale en front commun le 15 mars

Les médecins français se mobilisent contre le projet de loi santé, qui inclut e.a. une généralisation contestée du tiers payant à laquelle la ministre Touraine ne veut pas renoncer. Ils défileront mi-mars, en un front commun inédit, dans les rues de Paris, pour dénoncer une loi «toxique pour la médecine libérale et de proximité». Les MG déplorent plus spécifiquement le blocage de leur consultation à 23 €, «quand les autres spécialistes ont bénéficié d’une majoration».

 

UNECD, SNJMG, UCDF, ReAGJIR, FMF, SML, SNIO, MG France, ISNI, ISNAR-IMG, CSMF, AAL… Tous ces acronymes sont peu parlants pour les Belges que nous sommes. Ils renvoient à des organisations de défense professionnelle du corps médical français. A défaut de connaître les valeurs qui les séparent habituellement, ce qui les rapproche aujourd’hui est limpide: ils ne veulent pas de la loi santé en gestation. Ils appellent à une mobilisation nationale «de tous les médecins, toutes générations confondues», à Paris le dimanche 15 mars, pour affirmer «collectivement le rejet franc et massif de ce projet de loi».

Depuis fin 2014, la grogne agite la communauté médicale française, surtout celle des généralistes. L’un des griefs premiers des médecins de famille est le gel de la valeur de leur consultation, alors qu’une majoration de 2 euros a été autorisée pour les 44 autres spécialités. La stagnation de la consultation à 23 euros depuis quatre ans constitue pour les MG français une discrimination tarifaire inacceptable, que la ministre Marisol Touraine ne semble pas vouloir lever puisqu’elle a annoncé une cinquième année de blocage consécutive, rapporte le syndicat monodisciplinaire MG France. La stagnation touche également la visite longue (devenue somme toute la visite «normale» d’un médecin d’aujourd’hui). Pour MG France, «52.080 MG attendent désormais que leur rémunération soit augmentée», et «ne se laisseront plus faire». Il promet déjà son soutien, en cas de conflit à venir avec l'assurance-maladie, à quelques confrères qui ont récemment pris l’initiative d’augmenter leurs tarifs.

 

La concertation, «un leurre»

Une autre pomme de discorde majeure est, on l’a dit, la future loi santé. Les médecins avaient réclamé à l’unisson sa réécriture dès qu’ils avaient eu connaissance de sa teneur. Un acteur majeur du paysage syndical français, la CSMF (qui possède du reste une aile médecine générale), appelle elle aussi tous les praticiens libéraux à la mobilisation, dénonçant le fait que les groupes de concertation mis en place début 2015 ne soient des leurres. Il n’y a selon la CSMF aucune volonté réelle des autorités de réécrire le projet. Les points qui fâchent sont, notamment, la généralisation du tiers payant et des velléités de mainmise de l’Etat sur la médecine libérale et les hôpitaux, avec un pouvoir croissant accordé aux Agences régionales de santé.

La colère des confrères français ne date pas d’hier. Depuis décembre, le pays a essuyé plusieurs vagues de fermetures des cabinets médicaux ou de grèves des gardes, tandis que la profession se livre à ce que ses syndicats appellent de la «guérilla administrative», en boycottant les feuilles de soins électroniques et les services en ligne de l’assurance-maladie, pour compliquer le travail de l’administration.

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