Enregistrer les donneurs d'organes au cabinet : qu'en pensent les généralistes ?

La N-VA et le CD&V ont élaboré une proposition de loi visant à ce que les médecins de famille puissent eux aussi enregistrer les donneurs d'organes, un rôle jusqu’ici réservé aux communes. Qu’en pensent les premiers concernés? Du bien, dirait-on, mais avec quelques réserves techniques… 

La liste de patients en attente d'un don d'organe comporte 1.217 personnes. Pour faire chuter ce chiffre, les députées Valerie Van Peel (N-VA) et Nathalie Muylle (CD&V) souhaitent rendre l'enregistrement des donneurs d'organes possible également auprès du médecin généraliste, rapportaient ce mercredi De Morgen et Het Laatste Nieuws.

Les députées flamandes partent du principe que se rendre à la maison communale est souvent un frein, et que les médecins disposent de la connaissance, de l'expérience et de la formation pour être un contact approprié. Selon elles, l'enregistrement pourrait facilement se faire via la plate-forme eHealth, qui met les données médicales à disposition du personnel de santé.

Comment réagissent les MG à la perspective de pouvoir acter officiellement la décision d’un patient? Michaël Bernier, de l’ABSyM, qualifie l’idée de séduisante. «Elle permettrait entre autres de conserver la place de la Belgique dans le peloton de tête des pays européens et aurait également pour avantage de régler un moment difficile pour les familles, en pouvant se référer aux volontés exprimées par le patient», indique-t-il. 

Pour mémoire, dans notre pays, chacun est dès la naissance considéré comme donneur d'organes. Un citoyen peut signifier à l’administration communale ne pas souhaiter faire de don(s) ou, au contraire, explicitement s'enregistrer en tant que donneur. Sans cette démarche, un membre de la famille peut toujours refuser que les organes d'un défunt soient utilisés. «Sur ce point [des volontés du patient], le médecin généraliste est le plus à même de collecter ces données.» Le syndicaliste estime en effet que, dans un grand nombre de situations, le MG aura déjà pu aborder avec son patient la problématique de la fin de vie. 

Le Dr Bernier émet toutefois un bémol technique. «Cet enregistrement peut se faire via le système eHealth pour autant qu'il soit simple et fonctionnel dès le début sans ratés. Dans le cas contraire, ce ne serait qu'un vœu pieux.» Pour le représentant de l’ABSyM, il faut du reste «que la consultation de cette donnée soit systématique dans les cas où le don d'organe est envisagé». 

Le président de l’organisation flamande Domus Medica, Roel Van Giel, voit pour sa part dans la proposition de loi «une belle initiative. Via son rôle de conseiller de confiance, le médecin généraliste peut mieux informer les patients sur le don d'organes, et augmenter ainsi l'adhésion. Grâce à un système d'enregistrement électronique simple et efficace, notre profession peut contribuer à cet enregistrement. Mais je dis bien: un système d'enregistrement qui fonctionne

Voir le monde politique envisager de la sorte de confier au MG de nouvelles tâches montre «une nouvelle fois», selon le Dr Van Giel, «le besoin urgent d'un autre système de financement, mixte, pour la médecine générale. Ainsi, le temps que les médecins consacrent à des missions supplémentaires pourrait être valorisé.»

> Le débat continue sur le compte twitter de medi-sphere @MediSphèreHebdo

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