E-santé: «Il manque aujourd'hui un contre-pouvoir indépendant»

«Maggie croit qu'avec la digitalisation tout va aller plus vite, que cela va coûter moins cher, mais le raisonnement est un peu facile et manque de vision en profondeur», martèle  la députée fédérale Muriel Gerkens.

Patronne de l’opposition verte en matière de santé à la Chambre, la députée fédérale Muriel Gerkens, analyse depuis des années le dossier de l’e-santé. Pour elle, il y a de nombreux signaux d’alerte : «Il n'existe actuellement aucune réglementation qui régisse les applications santé en Belgique. Ce n’est pas normal.»

Autre pierre d’achoppement : la sécurisation des données! «C'est une guerre sans fin contre les hackeurs. En outre, il n'y a pas de vraie préoccupation pour améliorer la sécurisation des données de la part de la ministre. Ce n'est pas anodin. On nous dit que ce sera toujours anonymiser. La ministre dit aussi que c'est évident mais on aimerait qu'elle nous montre comment techniquement elle fera. Surtout que les patients ne sont pas assez informés que leurs données pourraient servir pour des recherches et des études scientifiques même si elles sont anonymisées.»

Pour la députée verte, le patient doit être au coeur du projet: «L'accès du patient à son dossier médical peut aussi poser des problèmes. Il ne faut pas oublier que tous les patients ne sont pas égaux face à leur lecture de leurs informations médicales. Il faut pouvoir en protéger certains contre eux-mêmes.»

Elle va plus loin: «Maggie croit qu'avec la digitalisation tout va aller plus vite, que cela va coûter moins cher, mais le raisonnement est un peu facile et manque de vision en profondeur.»

Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est le rôle de Frank Robben, l’administrateur-général de la plate-forme eHealth: «Aujourd’hui, les données ne sont que dans les mains de quelques uns. Une personne maîtrise l'ensemble de tout ce qui a été mis en place que cela soit pour les aspects de la vie privée, la dynamique des hôpitaux, des généralistes, même les ministres sont dépendants de lui parce qu'ils ne connaissent pas assez les dossiers. Même M. De Toeuf s'écrase devant M. Robben.»  Pour elle, cela détermine aussi une ambiance générale: «Tout cela explique que des médecins ne font pas les démarches pour être plus proactifs dans cette réflexion d' e-santé. Il n'y a pas de confiance qui s'est installée dans le processus entre les différents intervenants. Un non-partage de savoir et de savoir-faire.»

La députée Écolo précise sa réflexion: «Ce n'est jamais bon qu'une personne ait tous les éléments en main. Il manque aujourd'hui un contre pouvoir indépendant, c'est important une structure avec des gens compétents qui peut informer les politiques, les médecins et les patients en toute indépendance.»

Elle constate aussi les difficultés du réseau santé wallon face à la politique menée par le eHealth de Frank Robben. 

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