Audit postes de garde: les MG objectent

Une demi-douzaine de présidents de cercle ou de responsables de PMG nous ont livré leurs impressions à l’issue d’un des premiers focus groups régionaux orchestrés par Möbius – les consultants en charge de l’audit postes de garde. Manque de considération pour le qualitatif, perte de l’aspect proximité, difficultés GRH, impossibilité de se situer dans une moyenne, danger d’un logiciel d’Etat… Les réserves des MG ne manquent pas.

Lors de ces focus groups, Möbius livre les tendances générales émergeant de son analyse puis branche les cercles locaux sur des points potentiellement perfectibles: organisation en nuit profonde, solutions adoptées pour les déplacements, tâches administratives, coordination, informatisation… Le débat est indiscutablement placé sous le signe des économies. Des MG ayant participé à la réunion de La Louvière nous ont relaté à quel point dominait, parmi l’assistance, l’amertume de voir les PMG complétement réduits à des notions de rentabilité, voire d’attractivité! Un comble pour une consommation responsable de soins! Vous pouvez retrouver un article synthétique sur le sujet dans le Medi-Sphere 533, du 3 novembre 2016.

Nos interlocuteurs nous ont aussi fait part d’une série d’autres considérations.

Oui, la Wallonie a déjà œuvré en bon père de famille

Des pistes d’économies d’échelle et de mutualisation préconisées par Möbius ont déjà été, dans de nombreux endroits de Wallonie, mises en œuvre spontanément par les médecins ayant créé les PMG. Beaucoup de nos interlocuteurs ont souligné leur gestion non dispendieuse, quitte à «monter eux-mêmes des meubles Ikea».

Sorti du contexte

Möbius aligne des chiffres absolus, pas relatifs: on ne replace pas suffisamment un poste dans son contexte (milieu, géographie locale, densité de population, axes routiers…) quand on évalue sa ‘performance’. Et dans le souci de dire aux MG où on peut encore gratter, «on ne réfléchit pas aux implications pratiques d’une refonte pour s’aligner sur un modèle type, étiqueté ‘rentable’».

Le nœud des déplacements

Dans le collimateur de Möbius: les écarts de pratique entre PMG au niveau des déplacements du MG de garde lors des visites. Chauffeur privé, chauffeur appointé, véhicule collectif, acheté, en leasing, véhicule privé du médecin, sous-traitance à des firmes de transport… Les formules sont légion. Que l’Inami, par marché public, désigne une société de transport que les PMG devraient solliciter? Outre le problème de durée des marchés publics (après cinq ans, l’adjudicataire peut changer), ce serait la fin de la possibilité pour les cercles de dégoter des solutions locales souples et facilement modulables. Et ce serait synonyme de coûts de préavis pour les chauffeurs.

Mutualiser, c’est renoncer à la proximité

Toujours au volet ressources humaines, la piste d’une mutualisation de la coordination sur quelques postes de garde a également un impact sur l’emploi. Des coordinateurs/trices méritants, qui connaissent la région et ses MG, risquent de sauter, sans qu’il soit possible de retrouver à plus large échelle cette expertise fine, de proximité. Sans compter la difficulté de gestion, par les MG, de C4 ‘obligés’ de collaborateurs proches. Ethiquement et socialement dur…

Un seul système informatique, non merci

La perspective d’un système informatique unique de gestion des PMG a provoqué un tollé, nous rapporte-t-on. Déja que l’informatique ne suscite pas que de l’enthousiasme chez les MG, il faut leur éviter des ruptures avec leur soft habituel de travail au poste. L’idée d’un «logiciel d’Etat», sur soumission publique, fait poindre en outre la menace larvée d’un contrôle facilité de l’Inami sur les données des médecins. Les MG préféreraient un système de labélisation de logiciels pour PMG, sur la base d’un cahier des charges, leur laissant une marge de choix.

Du feedback «pédagogique»

Les résultats et chiffres présentés par Möbius lors des focus groups sont nationaux. A ce stade, les MG n’ont pas obtenu de détails sur les moyennes régionales, encore moins locales. Pourtant, nous fait-on remarquer, il pourrait être intéressant pour chaque cercle/gestionnaire de poste de savoir où il se situe par rapport à ses voisins, et le cas échéant d’encore améliorer son fonctionnement. D’où la suggestion qu’émet l’un de nos interlocuteurs: et si on envisageait un feedback aux postes, dans l’esprit de ceux que les MG reçoivent sur leurs habitudes de prescription à apprécier à la lueur des moyennes de leur glem…? 

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