Audit PMG: «les postes qui font ‘du chiffre’ avantagés»

Anne Gillet, du GBO, suit le dossier garde depuis des années. Que pense-t-elle du verdict du l’audit PMG, dévoilé fin de semaine dernière(*)? Tout le paradoxe de cet exercice, c’est de «prendre comme repère de départ le volume et le coût contact», regrette-t-elle. «Avec les postes, ce qu’on essaie justement, c’est de réduire les contacts inutiles. Ici, le PMG qui accepte tout et n’importe quoi le week-end – des renouvellements de pilule aux certificats sportifs – est avantagé.» 

Le Dr Gillet pointe la proposition émise par les auditeurs sur le plan du financement à court terme: «ils suggèrent un budget global, à affecter selon les besoins: un poste reçoit une enveloppe, à lui de choisir de consacrer plus à telle ou telle rubrique, informatique, transport, etc.» Mais observe-t-elle, un budget avec un montant maximal par interaction. «Et ce repère, c’est un biais. Ça pousse les postes à faire ‘du chiffre’, ce qu’il fallait décourager. Si on a un tri performant, on risque d’être pénalisé… Au GBO, cet aspect nous pose donc problème, et nous l’avons dit vendredi. D’autant que la Wallonie, qui a moins de population donc de contacts, serait mise en difficulté.»

A plus long terme, l’audit recommande un budget calculé par habitant. «Cela rejoint un scénario pour lequel le GBO plaide depuis huit ans. Toutefois, nous avions demandé d’ajouter un indice de correction tenant compte de la superficie du territoire desservi et les heures d’ouverture.» Une pondération que le GBO n’a pas retrouvée dans les slides dévoilés vendredi.

Anne Gillet épingle aussi le fait que l’audit a révélé «une corrélation très faible entre le recours au service d’urgences par le PMG et la distance. Il y a des PMG très proches d’urgences et qui y recourent peu, et inversément. Ce qui veut dire que le fait de coupler poste et urgences n’est pas étayé par ce qu’on observe sur le terrain.»

La syndicaliste se dit satisfaite de voir que l’audit fait la promotion d’une gestion bicéphale des postes, en distinguant le manager de PMG qui s’attelle au bon fonctionnement de celui-ci et le MG, président ou responsable de garde, qui veille à la qualité des soins administrés + l'utilisation correcte de la structure par la population. «Il y a là une reconnaissance du travail du généraliste qui s’investit dans le poste. Nous avons l’espoir que cette reconnaissance conduise un jour à un financement du rôle.»

Sur tout le territoire

L’ex-présidente du GBO n’est pas contre les idées de mutualisation, de coupole et autres contrats cadres. Elle salue la consécration, par l’audit, du coordinateur régional. «Je rappelle que c’est à la base une idée à nous, acceptée par l’Inami. C’est un rôle très important pour mutualiser les efforts. La Flandre n’a pas de coordinateur pour l’instant.»

A plus petite échelle, partager un coordinateur non pas régional mais local entre voisins lui paraît avoir tout son sens. Et de citer «la province du Luxembourg qui a un coordinateur unique pour 7 PMG, et Anvers qui en a trois pour trois postes».

Quant à la désignation de sous-traitants, elle doit rester logique et praticable. Difficile d’imaginer un unique prestataire qui opère de la côte à l’Ardenne. «Pour l’informatique, par exemple, il est important que ce ne soit pas le même qui emporte tout le marché. L’Etat peut définir un cahier des charges, auquel tous doivent savoir répondre, pour que les prestations soient uniformes et garanties partout.»

Le mot de la fin, toute provisoire vu l’agenda?(**) Anne Gillet revient aux fondamentaux. La création des PMG ne découle pas d’une volonté de réduire les dépenses aux urgences. «On est perdant si on regarde les choses sous cet angle-là!» Elle répond au souci de pérenniser la garde généraliste en difficulté et d’assurer aux MG un meilleur équilibre boulot-vie privée. Et de garantir à la population une offre de soins non planifiés de proximité. «Le but n’est pas la ‘rentabilité’. Le PMG d’une région rurale risque d’être qualifié de non rentable. Pourtant, il faut que tout le monde sur le territoire belge ait accès à des soins de 1ère ligne.»

(*) Les principaux enseignements sont rapportés dans Medi-Sphere n°557, 15 juin, pages 2 et 3.
(**) Des réunions sont programmées en juin et début juillet, à propos du 1733 et de la vision de Maggie De Block sur le remodelage de l’AMU.

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