Applis santé: espoirs et réserves des usagers

Comptage de pas, mesure des calories ingérées ou brûlées, monitoring des phases de sommeil, pilulier intelligent qui envoie des rappels… La croissance fulgurante du marché de la santé connectée soulève une série d’interrogations que Question Santé a débattues avec des usagers et quelques professionnels. L’exercice débouche sur la publication d’une brochure qui mêle attentes et réticences.

L’asbl de promotion de la santé et d’éducation permanente Question Santé s’est intéressée à la perception qu’ont les patients de toutes ces applications santé, forme, bien-être, télécoaching, voire diagnostic… qui ont fleuri sur les smartphones et via les objets connectés (bracelets, montres, patches et autres variantes de capteurs…).

Relèvent-elles du ludique ou ont-elles une utilité avérée dans la prise en charge médicale? Resteront-elles gratuites? Rapprochent-elles le patient de son médecin ou l’en éloignent-elles? Le médecin, d’ailleurs, est-il prêt à «jouer le jeu» (qui pourrait supposer de lui une disponibilité de tous les instants pour commenter voire réagir à des données recueillies par un patient anxieux)?

Des opinions sur ces diverses questions et des témoignages ont été recueillis lors d’un focus group conduit début 2017 en collaboration avec la Luss, la Ligue des usagers des services de santé. Ils sont compilés dans une brochure intitulée «Paroles sur… les applis santé», qui cite également quelques produits exemplatifs de l’offre gigantesque – en ce compris des applis mises au point par des groupements de patients, comme l’association Crohn RCUH qui permet de localiser les WC les plus proches. Il définit la m-Health, l’e-Health et la télémédecine.

Question Santé relève que, même si elles restent prêtes à se lancer, les personnes rencontrées reconnaissent se sentir un peu dépassées par l’abondance et la diversité du choix. Les préoccupations qui reviennent souvent portent sur la crédibilité, l’efficacité, la qualité et aussi la sécurité des systèmes. «Pour les participants au groupe et les personnes rencontrées, c’est sans doute la fiabilité qui suscite le plus de questionnements.»

L’asbl pointe aussi le fait que pas mal de ces applications relèvent du champ de la prévention et que «la tentation du contrôle pourrait ne pas être loin (…) Entre prévention et contrôle, la frontière peut parfois être ténue. Auprès du public jeune, on peut parfois ressentir une certaine méfiance.»

Les discussions ont également fait émerger des questionnements à propos, entre autres, de la sécurisation des données, des menaces pour la vie privée, du risque «d’addiction» et de surconsommation de ces outils assurant un monitoring continu des paramètres, de fracture numérique qui privera une partie de la population de ces fonctionnalités, et de déficit de compétence ou motivation de la part d’une partie des médecins et des patients.

La brochure «Paroles sur… les applis santé» est un document tous publics à consulter et télécharger sur le site de l’asbl

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