8% des Français en zone d’accessibilité limitée à la MG

Les inégalités d’accès «physique» aux soins sont complexes à mesurer. La France s’appuie sur un «indicateur d’accessibilité potentielle localisée», qui prend en compte tant la proximité géographique, la disponibilité, l’activité du MG que les besoins de la population en fonction de son âge. Elle estime que 8% de sa population a une accessibilité aux généralistes inférieure à 2,5 consultations par an et par habitant.

Quand on débat de l’offre médicale et de sa répartition, surgit souvent l’expression des «déserts médicaux». Issue du langage médiatique, cette métaphore saisissante ne se réfère à aucun contenu concret: (…) la question de ce qu’est ou serait un désert médical ne connaît pour l’heure aucune réponse consistante et partagée, fait observer la Drees, un département de recherche du ministère français de la Santé. Il a tenté d’en approcher les contours à la faveur d’une mesure de l’accessibilité aux MG, avec identification de communes françaises «sous-denses» et évocation du «cumul de difficultés».

Pour faire bref (*), la Drees fait appel à un indicateur appelé l’APL (accessibilité potentielle localisée) qui tient compte, entre autres, de la proximité (distance minimale, temps pour la parcourir), de la disponibilité des médecins (délai d’attente pour un rendez-vous) et de leur activité estimée. Elle ne recourt pas à la notion d’ETP, mais exprime l’accessibilité en nombre annuel de consultations/visites assurables par habitant. Ainsi mesurée, l’accessibilité moyenne aux MG libéraux est de 4,11 consultations par habitant et par an en 2015. Un quart de la population a accès à moins de 3,22 C/hab/an tandis qu’un quart a accès à plus de 4,90 C/hab/an. «Le quart des habitants les mieux dotés ont donc une accessibilité 1,5 fois meilleure que le quart des habitants les moins bien dotés», illustre la Drees.

Si pour étiqueter une commune de «sous-dense», on considère que les MG n’y garantissent pas 3 C/hab/an, alors, en 2015, 18,4% de la population française résidaient dans une commune de ce type. Si on choisit un seuil de 2,5 C/hab/an, 8,1% de Français étaient concernés. Ils ne vivent pas forcément à la campagne ou à la montagne, comme on pourrait l’imaginer de prime abord, mais aussi dans la couronne de grands pôles et dans l’unité urbaine de Paris. L’âge moyen des praticiens dans les communes sous-denses est plus élevé qu’ailleurs (54,7 ans contre 53,4), ce qui exposent ces territoires fragilisés, dans les années qui viennent, à davantage de départs à la retraite.

Plans B

Le MG est considéré comme un point d’entrée du système de soins. Qu’il soit absent ou rare sur un territoire donné peut être moins problématique si d’autres services de santé de 1er recours y sont disponibles. Fin 2015, 6% des Français (soit 3,9 millions) résidaient à plus de 30 minutes d’un service d’urgences ou d’un SMUR. 2,5% de la population (1,6 million) étaient à plus de 10 minutes de la pharmacie la plus proche.

Heureusement, dans la majorité des cas, les difficultés ne s’additionnent pas, a observé la Drees: 82,2% des gens rencontrant au moins une difficulté n’en connaissent qu’une – c’est le plus souvent un accès difficile aux MG (44,4%), plus rarement (31,3%) un éloignement par rapport aux urgences, et marginalement un éloignement aux pharmacies (6,5%). Habiter dans un territoire à la fois sous-dense en généralistes, à plus de 30 minutes des urgences et à plus de 10 minutes de l’officine la plus proche est une combinaison peu courante: seuls 0,5% des gens (300.000 habitants) sont concernés.

(*) Nous nous bornons dans cette brève à survoler la méthodologie utilisée. Les lecteurs qui veulent approfondir trouveront tous les détails dans le rapport complet de la Drees.

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