30€ annuels par patient pour le pharmacien «de référence»

Maggie De Block vient de signer avec les pharmaciens d’officine un pacte pluriannuel. Il permet à ces derniers de conforter leur place au sein de la première ligne de soins. La notion de pharmacien «de référence» est introduite, qui vaudra à l’intéressé une rémunération par capitation pour certains patients, chroniques et diabétiques par exemple. 

La ministre de la Santé publique s’est accordée, avec l’APB (l’Association pharmaceutique belge) et Ophaco (l’Office des pharmacies coopératives de Belgique), sur un cadre pluriannuel. Médiatisé mercredi, ce pacte assied le rôle du pharmacien d'officine en matière de soins (pharmaceutiques, s’entend), soulignant sa qualité de prestataire de soins de première ligne expert du médicament, facilement accessible et proche de chaque citoyen.

Une nouvelle notion fera son apparition en 2017, celle du pharmacien «de référence». Elle est ouvertement calquée du rôle central dévolu au médecin «de famille», qui soigne ses patients dans la durée et connaît toute leur histoire médicale – un rôle reconnu et valorisé via le DMG. Un pharmacien de référence tient à jour, lui aussi, le dossier pharmaceutique du patient et doit être rémunéré à cet effet, peut-on lire dans le pacte. Le concept souligne l’existence d’une relation de suivi pharmaceutique durable entre un patient et son pharmacien attitré.

Trois catégories de patients, couramment polymédiqués, pourront désigner leur pharmacien de référence: les personnes de 45 à 74 ans ayant le statut de malade chronique et possédant un DMG, les diabétiques de type II inclus dans un pré-trajet diabète et bénéficiant d’une éducation à l’adhésion thérapeutique et enfin des patients auxquels un suivi des soins pharmaceutiques sera proposé, officialisé par un accord tripartite patient-médecin-pharmacien. Le pharmacien percevra, par patient concerné et par an, un forfait de 30 euros. Les autorités estiment l’impact budgétaire total de cette rétribution pour la catégorie des patients chroniques de la tranche d’âge considérée à maximum 11 millions d’euros.

Parmi les tâches de soins nouvelles également associées au chronique, on retiendra l’élargissement des «BUM», les entretiens de «bon usage des médicaments». Actuellement, ils sont menés avec le patient chez lequel on initie une nouvelle médication contre l’asthme. On parlera désormais aussi de BUM pathologie (le pharmacien contribuera à améliorer la littératie en santé et l’autonomie du patient souffrant d’une affection chronique), de BUM adhésion thérapeutique (il s’efforcera de rectifier le tir en cas manque d’observance) et de BUM polymédication (il consolidera le schéma de médication en concertation avec le prescripteur, chez le patient prenant cinq médicaments ou plus).

Répartition et garde revues

Le cadre pluriannuel comporte aussi de nouvelles règles à la fois pour stimuler les fusions et mieux répartir les officines sur le territoire. Leur nombre est globalement élevé dans notre pays (45 pour 100.000 habitants, contre 35 en France, 26 en Allemagne et 12 aux Pays-Bas) mais elles sont concentrées dans les villes, tandis que certaines régions rurales sont mal desservies. Le cadre prévoit d’ajouter, aux critères démographiques actuels régissant les implantations, qu’au moins une pharmacie publique pourra être autorisée dans chaque commune.

Par ailleurs, le service de garde des pharmacies sera réformé. A partir de 2018, les pharmaciens recevront des honoraires de disponibilité pour leurs gardes de nuit (de 22h à 8h du matin). Durant ces périodes, les patients ne se verront plus réclamer un supplément (honoraire de garde) pour des médicaments prescrits par un médecin, sauf s'il ne s'agit manifestement pas d'un cas urgent. C’est grâce à une suppression progressive des honoraires pour la délivrance de médicaments prescrits en DCI que seront dégagés les moyens pour renforcer la rémunération lors du service de garde et pour rétribuer la tâche de pharmacien de référence.

Medi-Sphere reviendra sur ces évolutions dans de prochaines éditions.

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